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ARTE G.E.I.E. 4, Quai du Chanoine Winterer F-67080 Strasbourg Cedex Alfortville, le 7 janvier 2004 Messieurs, J'ai regardé avec attention votre émission du mardi 6 janvier 2004 à 20h40 sur la Turquie, présenté par Monsieur Hervé CLAUDE. Il était beaucoup question de l'entrée de la Turquie en Europe. Or j'étais surpris de voir que pour un débat aussi important qui intéresse pour l'instant quinze pays européens (et bientôt vingt cinq) il n'y avait aucun représentant pour donner un point de vue justement européen, le représentant de l'IRIS ne se contentant que de s'exprimer sur le terrorisme. Il n'y avait pas non plus un représentant pour parler de la situation actuelle des minorités; kurdes, arméniens, grecs, assyriens, etc., vivant en Turquie. Tout au long du débat les deux invités turcs et les personnes interrogées dans les reportages n'ont parlé que de l'aspect religieux dans la relation Europe - Turquie. A aucun moment il n'a été question des critères de Copenhague de 1999 ni de la résolution votée par le Parlement de Strasbourg en juin 1987 qui impose à la Turquie un certain nombre de conditions préalables, notamment ; l'évacuation de l'île de Chypre, la reconnaissance du génocide des Arméniens, la solution au problème kurde et le respect des droits de l'homme. A quelques rares moments où l'animateur a voulu sortir du cadre religieux les deux invités sont aussitôt revenus sur le thème bien connu du " refus-du-club-chrétien " contre le seul pays musulman qui voudrait se rattacher à l'Europe. La seule fois où le représentant de l'IRIS a voulu évoquer les conflits latents de la Turquie avec ses voisins arabes qui deviendrait forcement des problèmes géopolitiques de l'Europe dans l'hypothèse de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne les deux invités turcs lui ont coupé la parole pour revenir encore une fois sur le terrain religieux. Sans parler de plusieurs contrevérités assenées tout au long des reportages et des interventions sur le plateau sur la montée en puissance des islamistes, sur la situation économique, les relations de l'Etat avec ses minorités, etc. qui n'ont pas pu être controversées faute de débatteurs défendant un autre point de vue. Ayant vécu pendant vingt cinq ans en Turquie et suivant de près ce dossier il me faudrait plusieurs pages si je voulais apporter une réponse à chaque contrevérité et développer des sujets qui n'ont pas pu être abordé lors de ce débat. L'entrée de la Turquie en Europe concernera plus de 400 millions d'européens. Cela ne peut se faire sans un débat élargi prenant en compte tous les points de vues. Je pense que ARTE devrait très rapidement organiser un autre débat pour que d'autres personnes attachées aux valeurs universelles, éprises de justice et de vérité puissent s'exprimer. Cordialement, Jean SIRAPIAN Président de l'ADL Directeur de La Lettre de l'ADL
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