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VICTOIRE A LA PYRRHUS 21/03/2003
 Raphael Ghazarian
Lettre ouverte
 
VICTOIRE A LA PYRRHUS
 
Honorable Monsieur Kotcharian,
 
Après les élections de 1998, j'avais un rêve non dissimulé : « que les
élections de 2003 (qui sont probablement les dernières dont je serai témoin)
se déroulent dans une atmosphère saine et bénéfique pour le prestige
international de la République ».
 
Hélas ! Alors que vous aviez les possibilités d'y parvenir. En effet, l'
économie délabrée, héritée du prédécesseur, la situation sociale, la
question fondamentale de l'Artsakh dans l'impasse, vous procuraient un
tremplin unique et intéressant pour gagner la confiance et la sympathie du
peuple. Je rappelle que beaucoup, dont votre humble serviteur, ont défendu
votre candidature uniquement en réponse à votre proposition quant à l'avenir
de l'Artsakh, diamétralement opposée à celle proclamée par le prédécesseur.
 
J'ai été tranquillisé lorsque vous avez défendu l'indépendance de l'Artsakh
et soulevé la question du génocide. Mais votre politique intérieure a
engendré une déception de plus en plus profonde. Au lieu de juger les
coupables, de combattre le business de l'ombre et la corruption, d'améliorer
ainsi la situation sociale et le climat moral, vous avez opté pour la
variante peu honorable à mon sens qui va de l'autoritarisme au despotisme.
Votre gouvernement a été complété par des ministres dont la vraie place est
la maison centrale de Sovietachen, et qui ont « assumé » les menaces au
cours de ces élections, en appelant à « mettre en pièces, écraser, battre,
bourrer, nous sommes les maîtres ».
 
Vous avez réduit à une obéissance docile tout l'appareil judiciaire et la
pyramide de l'Etat, du ministre jusqu'au maire de village. Vous avez soumis
à des pressions, ou acheté les journaux et programmes de télévision qui
étaient plus ou moins opposés ou simplement indépendants, et vous avez
enfermé les désobéissants. Vous avez ébranlé les partis d'opposition et l'
Assemblée Nationale, en soi déjà instable. Vous avez démoli l'équilibre
entre les corps exécutif, législatif et judiciaire, le mécanisme de leurs
contrôles. Une atmosphère de plus en plus dense de peur, des conseils en
forme de leçons du type « Arakast », qui, excusez, sont propres à des
personnes faibles et intérieurement peu sûres d'elles-mêmes. Et tous ces
efforts, outrages et tripotages en vue de la reconduction de soi-même.
 
Ne payons-nous pas un prix trop élevé pour cela ? Ne craignez-vous pas que
la victoire à tout prix ne devienne une victoire à la Pyrrhus, synonyme de
défaite.
 
La plus grande perte, la plus grande défaite, vous les avez essuyées au plan
moral. Ce qui a été mis en ouvre ces jours-ci, a surpassé l'ignominie de
1996 qui paraissait indépassable. Votre appareil électoral, au-delà de ce
qui est prévu par la loi, a englobé toute la pyramide des agents de l'Etat,
de haut en bas, l'armée, la police, le corps enseignant et l'ordre
judiciaire, la volée des partis, même des malfaiteurs, et évidemment l'
artillerie lourde des oligarches. Il s'est créé une atmosphère de méfiance
réciproque et de délation rappelant 1937, et beaucoup, dans cette situation
lourde, craignant de perdre leur travail, ont voté, ont falsifié, ont fait
des pirouettes, en alignant mentalement des adjectifs malsonnants. Imaginez
la situation du directeur d'institut ou d'école, avec la menace que l'on ne
vote pas « comme il faut ». Et je ne parle pas du commandant d'unité qui, à
la tête de sa colonne, l'accompagne de local de vote en local de vote et
ordonne un vote ouvert. Doit-il ensuite prôner amour et dévotion envers une
telle patrie. Il ressemble bon gré mal gré à un commandant de comédie, qui
après avoir accompagné ses soldats dans une maison de passe, leur prêche l'
abstinence sexuelle. Si vous lisiez dans leurs pensées, vous n'auriez pu
vous présenter l'air suffisant devant l'écran de télévision et faire des
plaisanteries fielleuses sur le deuxième tour, avec des moqueries envers
plus de la moitié de la population. Ne parlons pas des pourcentages. Vous
connaissez mieux que moi les niveaux atteints par les falsifications des
élections ; je ne crois pas que cela soit fait à votre insu, ou même sans
votre direction.
 
Vous avez été élu essentiellement après huit heures du soir.
 
Telle est la triste vérité. Je dis cela sans colère, avec une profonde
douleur. Je suis d'accord évidemment, qu'en dehors des agents de l'Etat et
des obligés de tout poil, vous avez aussi un électorat honnête, qui vous a
choisi par conviction. Ceci est leur droit. Mais de ce même droit, vous avez
privé la majorité de la population. Conscient de votre fraude, et
soupçonneux à l'égard des soldats et des policiers, vous avez pratiqué une
faute plus lourde : vous avez invité un régiment d'Artsakh, en ravivant le
mal à peine éteint de « Haïasdantsi - Karabakhtsi » qui détruit la nation.
Il nous manquait seulement le fratricide. Poursuit-on des objectifs qui vont
si loin dans le processus de résolution du noud de l'Artsakh ?
 
J'évite à dessein l'examen des mérites respectifs des candidats. J'admets
que dans le groupe de candidats, mis à part Vasken Manoukian, et dans les
conditions nouvelles établies depuis 1991, c'est vous qui avez la plus
grande expérience de la conduite plus ou moins bonne des affaires, une
reconnaissance internationale et des relations importantes. Mais n'avez-vous
pas été vous-même novice ?
 
J'ajoute aussi, qu'aucun des leaders de la course électorale (à l'exception
d'Aram Sarkissian qui a noblement retiré sa candidature au nom du
rassemblement), aucun, je répète, ne s'est exprimé clairement sur sa
position quant à la question de l'Artsakh ; et ce qui a été dit en passant,
il valait mieux qu'il ne le fût pas.
 
La particularité de la situation créée dans la République réside néanmoins
dans le sentiment profond de la population : minée par le combat permanent
de sa survie, et humiliée régulièrement depuis 1991 par des élections
faussées, elle a besoin de croire qu'elle a affaire à des hommes d'Etat et
non à des brutes, et qu'elle peut au moins une fois tous les cinq ans,
émettre sa volonté. Ceci est plus important en soi qu'une élection même
ratée, car sa preuve reste à faire. Vous avez à plusieurs reprises blessé l'
honneur du plus grand nombre et provoqué ainsi de nouveaux périls.
 
En effet, évaluons attentivement votre électorat. Outre la fraction
estimable qui est en accord avec vous, vous avez été élu par action
volontariste du personnel au complet de la pyramide d'Etat, les oligarches
et les couches élevées des nombreux partis avides de pouvoir, faisant de
vous à jamais leur débiteur, et pour ce qui est des oligarches, leur otage.
Les membres par milliers de deux mille commissions, des obligés d'un autre
genre et une partie importante de ceux qui imposent contre leur gré, tous
ceux-là ont bien voté en votre faveur mais ne forment pas votre électorat.
Je crois qu'ils sont davantage montés contre vous que ceux qui ont voté
contre vous. En effet, vous les avez forcés à agir contre leur conscience,
vous avez troublé leur monde intérieur, et ils ne vous le pardonneront pas.
Il s'ensuit que la majorité de la population est disposée négativement à
votre égard et pour juguler l'insatisfaction, vous serez obligé d'avoir
recours à des violences. Ce n'est pas une situation enviable. Mais il s'agit
de problèmes internes. Plus périlleuse est la chute inévitable d'autorité du
pays auprès de la communauté internationale (occidentale). L'ouest ne tolère
pas que l'on trouble les sacro-saintes élections. Un grand danger plane sur
la tête d'Artsakh. Paradoxe. C'était votre atout en 1998, aujourd'hui le
point le plus vulnérable. Peut-être en ayant conscience de cela, vous vous
élèverez au-dessus des sentiments narcissiques (les intérêts d'u n individu
et d'une nation ne sont pas comparables) et penserez à une démarche
raisonnable pour sortir de la crise.
 
Croyez-moi, j'aurais voulu féliciter le président vainqueur d'un combat
honnête. Vous m'avez privé de ce plaisir.
 
Deux mots sur le positionnement des partis. Je ne parle pas de l'espèce «
orinatz yerkir ». L'attitude de principe de leur direction envers les
présidents est exclusivement - admiration. Ce qui est attristant, c'est l'
attitude des traditionnels. Bien sûr, il est possible d'en trouver le
fondement dans la concordance entre leurs positions idéologiques et celles
du président, bien que ce dernier n'ait pas clarifié devant son parti les
positions de la population. Mais lorsqu'avec une innocence virginale, ils s'
étonnent : « Quelle importance ? Les deux côtés ont triché »  (comme s'ils
ignoraient que les moyens administratifs de fraude de part et d'autre sont
hors de proportion entre eux), je regrette amèrement les nerfs et les
efforts épuisés à les défendre devant les pressions de Levon.
 
Je me sens blessé à la place du « parent » centenaire.

Votre R.A. Ghazarian

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