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Le Totalitarisme Islamiste 24/12/2002
Nous ne sommes pas culturellement "neutres"
 

PAR ALEXANDRE DEL VALLE*
[18 décembre 2002]
 
Persistant à affirmer que Manhattan, Bali, Djerba, Mombasa sont les derniers assauts chaotiques de l'islamisme radical, "experts" et professionnels de la politique de l'autruche expliquent que le fascisme vert serait "périphérique", qu'il ne parviendra jamais à s'imposer par les urnes, excepté ses versions "modérées", et que le terrorisme n'est qu'une "réaction" à la "persécution" des Palestiniens...

Est-il pourtant encore possible de nier que le 11 septembre, loin d'avoir révolté les "masses musulmanes pacifiques", fut le point de départ d'un vaste mouvement de fond antioccidental porté par ce totalitarisme tiers-mondiste et revanchard qu'est l'islamisme. D'où les déclarations de Ben Laden s'appropriant les souffrances irako-palestiniennes comme celles du "million de Vietnamiens persécutés" par les Yankees. Lorsque les "islamikazes" prendront d'assaut les discothèques de Paris ou de Londres, on s'apercevra un peu tard que les séides de Ben Laden n'en veulent pas aux seuls "américano-sionistes" et donc que les dossiers palestinien et irakien sont plus des prétextes légitimatoires que des causes du terrorisme vert. D'autant que les plus grands succès des islamistes ont lieu dans les pays les moins concernés par la "douleur arabe" : Pakistan, Turquie, Indonésie, Nigeria, etc.
L'idée rassurante de "l'échec électoral" des islamistes ne convainc plus parce que ces derniers n'ont jamais remporté autant de victoires électorales : au Maroc, le Parti de la justice et du développement est arrivé en troisième position aux législatives avec 42 sièges, contre 50 pour les socialistes. En Algérie, le Mouvement de la renaissance nationale est la deuxième force du pays et le président Bouteflika tente de récupérer le vote islamiste en libérant l'idéologue du FIS, Ali Benhadj. Au Pakistan, le MMA, qui appuie les mouvements du djihad au Cachemire, a raflé 52 sièges, ses leaders défendant le combat de Ben Laden contre "l'occupation américaine de l'Afghanistan". Au Liban, le Hezbollah, représenté lors du sommet de la francophonie, est officiellement salué comme une "force de résistance à l'occupation israélienne", alors que le Liban est occupé par la Syrie.

En Egypte, l'islamisation radicale de la société se poursuit conformément à la stratégie des Frères musulmans qui infiltrent tribunaux et grands corps. Au Parlement de Bahreïn, ils ont remporté la moitié des sièges. En Indonésie, les organisations violentes comme le Kisdi, le Front des défenseurs de l'Islam ou l'Association des intellectuels musulmans fanatisent les consciences contre les infidèles avec l'appui du pouvoir, le vice-président Hamzah Haz dirigeant le plus grand parti islamiste du pays.

Mais venons-en à un autre "islam de la périphérie" : la Turquie, que nos irresponsables politiques veulent voir intégrer l'Europe. Atatürk, le père de la Turquie moderne laïque, doit se retourner dans sa tombe depuis que, le 3 novembre, le Parti islamiste de la justice et du développement (AKP) a remporté les élections avec 363 députés sur 550, la majorité des deux tiers étant suffisante pour modifier la Constitution.

Lié aux Frères musulmans et aux confréries fondamentalistes jadis combattues par Mustapha Kémal, l'AKP est en mesure d'engager une révolution islamique, la première phase réussie consistant à séduire l'électorat conservateur nationaliste - d'où l'alliance avec l'organisation néofasciste des Loups gris (on est loin de l'équivalence recherchée avec les "démocrates chrétiens") et les milieux d'affaires, tout en rassurant les Européens assez naïfs pour faire leur l'expression "islamisme modéré", oxymore aussi absurde que celui de "fascisme modéré". Toujours est-il que la première action symbolique de Recep Tayyip Erdogan, chef de l'AKP, fut d'exhiber son épouse et ses filles voilées, comme celle du premier ministre Abdullah Gül, formé en Arabie saoudite. Disciple d'Erbakan - ex-chef du parti Refah et du gouver nement islamiste interdits par l'armée en 1997 -, Erdogan fut condamné pour "incitation à la haine religieuse" en 1998 après avoir récité lors d'un congrès les vers du poète Ziya Gökalp : "Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées nos casernes et les croyants nos soldats." Il déclarait aussi au journal Hurriyet : "Des millions de musulmans dans le monde attendent le réveil de la Turquie pour se soulever", appel faisant écho à celui de Ben Laden pour le rétablissement du califat aboli en 1924 par Atatürk, bête noire de l'AKP...

La Turquie laïque, tant vantée par ceux qui veulent la faire entrer dans l'Europe, n'est plus qu'un doux rêve, pas si doux que cela d'ailleurs puisque initié sur le génocide des Arméniens, jamais reconnu par Ankara, l'expulsion de millions de Grecs et la persécution des Kurdes. Certes, la Turquie, pilier de l'Otan, est l'allié des Etats-Unis, le seul d'Israël dans la région, depuis que la France et les démocrates américains ont lâché le chah et mis Khomeyni en place. Mais, à ce titre, le Canada, membre de l'Otan, ou le Japon pro-occidental auraient aussi vocation à intégrer l'Union et, pourquoi pas, les pays turcophones d'Asie centrale liés à l'Otan par tant d'accords, ou même les pays francophones d'Afrique du Nord !

Jurant être l'équivalent islamiste d'un "démocrate chrétien", Erdogan a plaidé l'entrée de son pays dans l'Europe lors du sommet de Copenhague des 12 et 13 décembre, sommet qui aura au moins eu le mérite de révéler l'incohérence de cette entité hybride qu'est l'Union européenne : un espace politico-socio-économique atlantiste porté par un Léviathan juridictionnel dénué des réels pouvoirs d'un Etat souverain mais assez puissant pour saper la souveraineté des Etats membres et piloté par une caste de hauts fonctionnaires refusant, par postulat internationaliste, d'aborder la question centrale des limites géo-civilisationnelles de l'Europe, donc de son identité et de son devenir.

A long terme, ni l'Europe, ni Israël, ni les Etats-Unis n'ont intérêt à officialiser, via l'intégration de la Turquie, un lobby islamiste en Occident. L'Europe post-totalitaire comme l'Occident et la démocratie libérale ne sont pas culturellement neutres. Ils doivent tout aux Grecs et à la Bible, selon l'expression de Levinas, reprise par Jean-Paul II. Israël et la Russie sont à cet égard bien plus "européennes" que la Turquie. Accuser les turcosceptiques de préférer "un club chrétien", les taxer d'"islamophobie" ou de "turcophobie" ne réglera pas le problème. La Turquie dans l'Union, cela voudra dire bientôt 100 millions d'Européens turcs ; plus aucune frontière entre nos banlieues et l'Anatolie - d'où affluent drogues d'Asie, clandestins chinois ou pakistanais et réseaux d'al-Qaida - ; 90 députés turcs au Parlement européen contre 72 pour la France.
Mieux, tandis que les plus importantes troupes de l'armée européenne seront turco-islamiques, les militaires turcs, derniers défenseurs du kémalisme, dépourvus de leurs pouvoirs politiques, ne pourront plus interdire les partis ou gouvernements islamistes décidés à en finir avec la laïcité kémaliste.

* Géopolitologue, auteur de l'essai : Le Totalitarisme islamiste à l'assaut des démocraties, Les Syrtes.

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