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MOTION ADRESSEE AUX CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT DU SOMMET DE COPENHAGUE DES 12 ET 13 DECEMBRE 2002
Vous allez engager l'élargissement de l'Union européenne, dont les citoyens Français que nous sommes ne peuvent que se réjouir. Vous aurez dans ce cadre à vous prononcer sur l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie. Nous exprimons notre vive opposition éthique et politique à une telle perspective, eu égard aux graves manquements de ce pays aux droits de l'Homme, à la démocratie et, plus globalement, à la charte des valeurs fondamentales de l'Union européenne impliquant des idéaux moraux de justice et de paix. L'Etat turc contemporain s'est construit sur les cendres des 1.500.000 victimes du génocide des Arméniens toujours nié par celui-ci, mais reconnu en 1984 par le Tribunal Permanent des Peuples, en 1985 par la sous-commission d'experts de l'ONU, en 1987 par le Parlement européen ainsi que par une vingtaine de pays. L'Etat turc, obstinément négationniste tout en étant légataire du gouvernement " Jeune Turc " coupable, est non seulement moralement, juridiquement et politiquement responsable de ce crime contre l'humanité et de ses conséquences, mais se rend de surcroît complice de ce génocide qui a vidé les territoires arméniens de leur population. Sur le sol turc et de manière permanente, les différents gouvernements qui se sont succédés jusqu'aujourd'hui se sont livrés à une manipulation des consciences auprès des jeunes générations afin de gommer la responsabilité des autorités turques dans ce génocide et ont engagé une répression contre ceux qui ont tenté de rétablir la vérité. En 2002, le négationnisme a été introduit dans les cursus primaire et secondaire de la République turque. En outre, l'Etat turc n'a pas aboli les lois anti-arméniennes qui lui ont permis de s'approprier indûment les biens individuels et collectifs des victimes arméniennes. La destruction ou la turquification du précieux patrimoine architectural arménien, hormis quelques monuments par trop connus ou visibles, est aussi une constante comportementale des autorités, dans le droit fil de la politique d'élimination de toute trace arménienne de ces territoires. Il est indéniable que l'impunité dont bénéficie l'Etat turc est en partie responsable des génocides perpétrés par la suite dans le monde entier et encourage encore aujourd'hui des actes de même nature. Enfin, pour des raisons non avouables, l'Etat turc soumet depuis 1991 la jeune République d'Arménie à un blocus qui constitue un acte de guerre au regard des conventions internationales.
En fait, l'Etat turc de tradition autoritariste, ultra-nationaliste et militariste est un facteur permanent d'instabilité régionale car, depuis toujours, il est en conflit avec la plupart de ses voisins ainsi qu'avec sa propre population. En effet, indépendamment des contentieux qu'il a avec l'Iran, la Syrie, la Grèce et la Bulgarie, il refuse dans les cadres plus formels de la résolution du Parlement européen du 18 juin 1987 et des critères de Copenhague : - D'évacuer l'île de Chypre illégalement occupée depuis 1974, - De libérer les prisonniers politiques détenus dans ses geôles, - De donner un statut durable à sa minorité kurde, - De garantir le droits de ses minorités religieuses, - De reconnaître le génocide des Arméniens et ses conséquences, - D'accepter une solution politique à la question arménienne, - De lever le blocus exercé à l'encontre de la République d'Arménie. L'Européanisation factice de la Turquie à travers son intégration dans l'Union, sur la pression des Etats-Unis et des autorités turques, ne rendra pas ce pays plus démocratique, plus humaniste et plus européen. Il faut se souvenir que c'est une classe de dirigeants laïques et ultra-nationalistes, considérés comme progressistes, qui a organisé le génocide des Arméniens en instrumentalisant la religion. Nous retrouvons aujourd'hui les mêmes ressorts a
gressifs régissant l'administration militaire et politique de la République turque qui manipule sa population, réfute sa propre identité et développe une logique expansionniste. Dans ce contexte, la communauté arménienne, les défenseurs des droits de l'homme, une grande partie de la classe politique, l'opinion publique ne peuvent admettre que la Turquie puisse prétendre intégrer l'Union européenne et attendent du sommet de Copenhague une position similaire. Motion adoptée aux manifestations du 11 décembre 2002 à Paris, Lyon et Marseille
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